Imaginez
la tête de leurs dix-neuf élèves, quand ils ont appris que la mort serait le
fil conducteur de l'année et qu’ils seraient les co-auteurs et acteurs d’un
spectacle inspiré de la Danse macabre de Meslay-le-Grenet, peinture murale
datant de la fin du Moyen-âge et mondialement connue !
Evacuée la
perplexité du départ et guidés avec soin par leurs encadrants, les adolescents
de se sont lancés à cœurs et corps perdus dans l’écriture de quatrains
octosyllabiques, faisant dialoguer des personnages contemporains et leur propre
mort. Les rencontres avec Marion Maret, les échanges et la co-écriture du
spectacle ont duré six mois. Afin d’enrichir la dramaturgie du
spectacle, Marion s’est inspirée de La Grande Danse macabre des Hommes
et des Femmes, historiée et renouvellée de vieux Gaulois, en language le plus
poly de nôtre temps (Nouvelle Bibliothèque bleue de Troyes, Phénix
Éditions, 2003) et du remarquable ouvrage Itinéraires des Danses macabres, écrit
par Hélène et Bertrand Utzinger (Éditions J.M. Garnier, 1996). Gustave
Flaubert, Oscar Vladislas
de Lubicz Milosz, Haendel, Elvis Presley, Nino Rota, Les
Béruriers Noirs et beaucoup d'autres encore, ont également été
"ravis"… afin de faire chanter et ponctuer un spectacle qu’elle
souhaitait original, musical et festif. Le matériau brut s’est
transformé en œuvre d’art.
À deux
semaines de l’échéance, à marche forcée, la jeune troupe a répété, répété,
répété encore. Les adolescents ont découvert le processus de création d’un
spectacle, de son écriture à sa mise en lumière, en son, en costumes et en
maquillage. Ce long et exigeant travail, en partenariat avec le lycée Jehan de
Beauce et son proviseur Dominique Dallion, n’aurait pu se faire sans le soutien
financier de la Région Centre et de son dispositif « Aux Arts Lycéens et
Apprentis ! ».
Le vendredi 16 mai
2014, la première représentation au lycée a consacré des talents formidables et
l’osmose du groupe. La seconde et ultime représentation à Meslay-le-Grenet le
24 mai dans l’église archi-comble, a parachevé une aventure humaine qui
restera gravée dans la mémoire des vivants et des …morts.
Le spectacle s’est
poursuivi sur le parvis au rythme d’une "Grande Danse" participative,
puis les acteurs ont emmené en musique et du haut d’un magnifique attelage
décoré de lierre, de roses et d'ossements, un public enchanté qui a fait le
tour du village dans une déambulation festive jusqu'à la mairie, où les
attendait une collation offerte par l’association des « Amis de l’Eglise
de Meslay-le-Grenet ». Si après cela les gens ont encore peur de la
mort ...
Photos : Marc Lec’hvien
Photos : Marc Lec’hvien
Vers la fin du Moyen Âge, l’Europe occidentale est particulièrement touchée par une très forte mortalité due aux famines, aux guerres et aux épidémies. La Danse macabre est alors un genre très en vogue, dans le théâtre, la poésie, la musique et les arts plastiques. À la fin du XVème siècle, deux éditeurs parisiens, Guyot Marchant et Vérard, publient des gravures représentant la première Danse macabre, qui serait apparue à Paris en 1424 sur les murs d'un des charniers du cimetière des innocents.
La Danse macabre est composée d'une vingtaine de personnages
accompagnés chacun de son propre mort, selon un défilé, une suite, une procession vers la mort, qui commence par les plus influents et se termine par les
plus humbles.
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