mercredi 23 avril 2014

"ET VIVE LA MORT!"


 


UNE RESURRECTION DE LA DANSE MACABRE A MESLAY-LE-GRENET!
VIDÉO (extrait de 29mn)
DIAPORAMA 

Ce fut une illumination dans la grisaille, le vent et la pluie de ce 24 mai 2014. Un moment intense de bonheur, après lequel on peut bien se permettre de mourir… Il est ainsi des rencontres qui changent la vie. Marc Lec’hvien, professeur de français, et Gérard Leray, professeur d’histoire, qui dirigent ensemble une classe de Seconde « Littérature et société » au lycée Jehan de Beauce de Chartres, se sont associés pour cette aventure unique à Marion Maret, metteuse en scène de la compagnie théâtrale Lili Böm qui siège à Meslay-le-Grenet. 
Imaginez la tête de leurs dix-neuf élèves, quand ils ont appris que la mort serait le fil conducteur de l'année et qu’ils seraient les co-auteurs et acteurs d’un spectacle inspiré de la Danse macabre de Meslay-le-Grenet, peinture murale datant de la fin du Moyen-âge et mondialement connue ! 
Evacuée la perplexité du départ et guidés avec soin par leurs encadrants, les adolescents de se sont lancés à cœurs et corps perdus dans l’écriture de quatrains octosyllabiques, faisant dialoguer des personnages contemporains et leur propre mort. Les rencontres avec Marion Maret, les échanges et la co-écriture du spectacle ont duré six mois. Afin d’enrichir la dramaturgie du spectacle, Marion s’est inspirée de La Grande Danse macabre des Hommes et des Femmes, historiée et renouvellée de vieux Gaulois, en language le plus poly de nôtre temps (Nouvelle Bibliothèque bleue de Troyes, Phénix Éditions, 2003) et du remarquable ouvrage Itinéraires des Danses macabres, écrit par Hélène et Bertrand Utzinger (Éditions J.M. Garnier, 1996). Gustave Flaubert, Oscar Vladislas de Lubicz Milosz, Haendel, Elvis Presley, Nino Rota, Les Béruriers Noirs et beaucoup d'autres encore, ont également été "ravis"… afin de faire chanter et ponctuer un spectacle qu’elle souhaitait original, musical et festif. Le matériau brut s’est transformé en œuvre d’art. 
À deux semaines de l’échéance, à marche forcée, la jeune troupe a répété, répété, répété encore. Les adolescents ont découvert le processus de création d’un spectacle, de son écriture à sa mise en lumière, en son, en costumes et en maquillage. Ce long et exigeant travail, en partenariat avec le lycée Jehan de Beauce et son proviseur Dominique Dallion, n’aurait pu se faire sans le soutien financier de la Région Centre et de son dispositif « Aux Arts Lycéens et Apprentis ! ». 
Le vendredi 16 mai 2014, la première représentation au lycée a consacré des talents formidables et l’osmose du groupe. La seconde et ultime représentation à Meslay-le-Grenet le 24 mai dans l’église archi-comble, a parachevé une aventure humaine qui restera gravée dans la mémoire des vivants et des …morts. 

Le spectacle s’est poursuivi sur le parvis au rythme d’une "Grande Danse" participative, puis les acteurs ont emmené en musique et du haut d’un magnifique attelage décoré de lierre, de roses et d'ossements, un public enchanté qui a fait le tour du village dans une déambulation festive jusqu'à la mairie, où les attendait une collation offerte par l’association des « Amis de l’Eglise de Meslay-le-Grenet ». Si après cela les gens ont encore peur de la mort ...

Photos : Marc Lec’hvien
 
Vers la fin du Moyen Âge, l’Europe occidentale est particulièrement touchée par une très forte mortalité due aux famines, aux guerres et aux épidémies. La Danse macabre est alors un genre très en vogue, dans le théâtre, la poésie, la musique et les arts plastiques. À la fin du XVème siècle, deux éditeurs parisiens, Guyot Marchant et Vérard, publient des gravures représentant la première Danse macabre, qui serait apparue à Paris en 1424 sur les murs d'un des charniers du cimetière des innocents.
La Danse macabre est composée d'une vingtaine de personnages accompagnés chacun de son propre mort, selon un défilé, une suite, une procession vers la mort, qui commence par les plus influents et se termine par les plus humbles.